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12 décembre 2016

Chapitre Second ~ La Voix d'Ambre (Seconde Partie)

chapitre2-2
(Seconde Partie)

 "La femme ne fut jamais pour moi que des paysages, que la rappeleuse d'heures, de pays et de paysages..."

 

Au loin, de la fumée s'élevait dans le ciel bleu. Triste présage ou signe de civilisation ? A tout prendre, les jumeaux se dirigèrent dans cette direction. Aucun bruit de bataille ou d'odeur de mort ne planait dans les environs. Des cheminées et des tours se découpèrent sur le ciel, et ils surent alors qu'ils arrivaient dans une ville d‘une certaine importance, ceinte de basses fortifications. Au premier coup d'œil, elle ne sembla pas très différente de TigrEye, hormis sa taille. Ici, ils trouveraient sans doute des informations sur ce qu'ils cherchaient.

A l'entrée, des hommes en armure légère les regardèrent passer non sans quelque intérêt. Ils ne leur posèrent pas de question sur la raison de leur venue. Cette ville sembla accueillante aux jumeaux, avec ses pavés et ses toits rose foncé. Les maisons, à un ou deux étages, étaient toutes constituées d'une pierre blanche rustique, et des fleurs pendaient des fenêtres à petits carreaux. Cette architecture inconnue leur plut beaucoup. Elle respirait la joie de vivre et la prospérité.

Et pourtant, de temps en temps, les frères croisaient dans une rue ou une autre des soldats en livrée très semblable à celle remarquée sur les hommes qui avaient dévasté TigrEye. Jugeant toutefois plus opportun de garder un profil bas, ils ne s'en firent pas la remarque.

Une grande place, entourée de maisons, bourrée d'activité, avec au centre une statue représentant un homme couronné, s'offrit alors à leurs regards : des femmes criaient joyeusement pour attirer les chalands vers leurs étals, des hommes faisaient cuire du pain dans des fours, l'odeur de broches parées de volailles en train de rôtir leur chatouillaient les narines. Des enfants couraient joyeusement autour des deux nouveaux-venus, jouaient à se poursuivre ou se roulaient sur le sol en feignant une bagarre. Des calèches élégantes, des charrettes remplies de marchandises en tout genre, des roulottes de diseuses de bonne aventure et des boutiques de toutes tailles jalonnaient la route. C'était sans conteste une cité importante.

Les jumeaux n'avaient jamais évolué au milieu d'un tel mouvement, d'une telle agitation. Aussi ouvraient-ils grand leurs yeux écarlates afin de ne rien manquer de ce spectacle nouveau. Tout paraissait si étrange, et pourtant si familier, comme si les gestes et actes du quotidien prenaient ici une couleur différente de celle que TigrEye. Tout était plus rapide et plus bruyant.

Beryl voulut se saisir d'une pomme qui trônait avec d'autres sur l'étal d'une bonne grosse femme, mais celle-ci se mit à l'invectiver avec force :

Eh, jeune homme ! Ce n'est pas gratuit ! »

Beryl eut peur et reposa la pomme, ne sachant quoi faire. Son frère vint à son secours :

Excusez-le. Que puis-je faire pour vous en échange de cette pomme ?
— Me payer, pardi !
— Comment puis-je vous... payer ? »

Krysos n'avait jamais entendu ce mot auparavant dans un tel contexte.

Avec de l'argent ! Mais d'où vous sortez, vous deux ?! Allez, du balai !

Les deux frères s'éloignèrent, le dos rond, comprenant qu'ils n'avaient pas fini de faire le tour des choses qui leur étaient inconnues. Ils se reposèrent sur un banc et regardèrent attentivement les gens autour d'eux : ceux-ci échangeaient les denrées des étals contre des espèces de morceaux de métal. Krysos comprit que c'était ce que la femme avait appelé argent. Visiblement, on ne pouvait rien obtenir ici sans ce sésame. A TigrEye, les habitants s'échangeaient des choses contre d'autres, mais à quoi pouvaient bien servir ces objets en métal ? Cela ne se mangeait pas…

Il s'avança de nouveau vers la femme à l'étal de pommes :

Excusez-moi, mais où peut-on trouver de l'argent ?
— Va donc à la taverne, petit. Tu m'as l'air assez costaud, apprécia la bonne femme. Elle le détailla brièvement, en s'arrêtant plus longuement sur sa longue chevelure blanche. Tu trouveras bien quelqu'un qui a besoin d'un coup de main.
— Je dois aider quelqu'un et on me donnera de l'argent, c'est ça ? demanda naïvement le jeune homme. C'est une récompense ?

Cette fois, la notion lui était familière.

Si on veut. J'ai du travail, moi, alors ouste !

Les jumeaux comprirent qu'une taverne était un lieu de réunion pour les habitants de la ville, il y en avait eu un à TigrEye, mais celui dans lequel ils entrèrent était bien plus grand et plus bruyant : des serveuses se faufilaient dans la salle avec des plateaux chargés, des hommes visiblement avinés criaient des choses que les jumeaux ne comprenaient pas toujours, des bruit de chopes qu'on vidait ou qu'on posait sur la table recouvraient le tout ; bref, un vrai capharnaüm. Les gens d'ici n'étaient pas très différents des habitants de TigrEye, tout au plus paraissaient-ils plus… affairés, plus pressés. L'alcool coulait à flot, et les jumeaux n'en avaient pas l'habitude, cette boisson étant restreinte à TigrEye. Toute cette agitation les mettait mal à l'aise, mais l'aîné se dirigea malgré tout résolument vers le comptoir :

On m'a dit que je pouvais gagner de l'argent ici ! cria-t-il au gérant pour couvrir le bruit ambiant.

Celui-ci, les mains occupées à essuyer une assiette, le regarda avec une expression indifférente.

J'ai besoin de personne. Pourquoi tu demanderais pas aux clients s'ils ont besoin de quelqu'un, mon garçon ?

Krysos fit le tour de la salle des yeux, et nota dans un coin la présence de deux gardes en armure, qui semblaient en grande conversation avec deux jeunes femmes ; manifestement, cela se passait mal, car l'une des deux femmes, coiffée d'une imposante queue de cheval, leur tendait son poing devant le nez. L'un des deux hommes la saisit alors par le poignet et voulut l'emmener, mais l'autre jeune femme, une rousse portant un chapeau à plumes, sortit une dague de sa botte et en menaça le garde. En une seconde, l'ambiance de la salle changea : des hommes crièrent joyeusement en encourageant les protagonistes, mais les femmes sortirent avec de grands cris. Les serveuses allèrent se cacher sous les tables et le gérant, sortant de derrière son comptoir, leva les mains en geignant :

S'il vous plaît, pas de bagarre dans mon établissement !

Mais les protagonistes semblaient prêts à en découdre. Présumant que les femmes étaient en difficulté, Krysos sortit son épée de son fourreau et la brandit en sautant par-dessus les tables afin de se retrouver aux côtés de la rousse.

On dirait que vous avez besoin d'aide ! Si je vous tire de là, vous me donnerez de l'argent ?
— Je n'ai pas besoin d'aide, merci ! rétorqua la rouquine, en le regardant avec mépris.
— Je crois bien que si !

Et la lame de l'épée s'enflamma, comme un faisceau de paille, presque jusqu'à la garde. La rousse fit un pas de côté, impressionnée malgré elle, et enfin, elle regarda vraiment l'homme au teint pâle et aux cheveux blancs qui, sans raison apparente, s'était présenté pour la sauver.

Monsieur ! hurla-t-il à l'autre bout de la salle à l'adresse du barman. Je vous confie mon frère, qu'il ne lui arrive rien !

Et, aussitôt, il se mit à imprimer à son épée de grands moulinets, plus pour intimider que pour se battre, en arborant un large sourire devant les deux jeunes gardes médusés. Ils n'avaient pas du tout prévu de s'en prendre à un tel adversaire. Eux qui n'avaient jamais eu affaire qu'à des saoûlards ou des voleurs à l'étalage se rendaient compte que celui-ci leur poserait sans doute plus de problèmes. Les yeux rouges de Krysos, associées au feu crépitant, lui donnaient un air démoniaque. Celui qui avait maintenu le poignet de la femme à la queue de cheval le lâcha subitement et prit lui-même sa vieille épée ébréchée, mais la vue des flammes ardentes qui jaillissaient de la lame du jeune guerrier le fit reculer. Ils tentèrent bien quelques passes, mais, découragés devant l'air redoutable de leur adversaire et de son arme mystérieuse, ils battirent lâchement en retraite. La jeune femme qui accompagnait la rousse avait mystérieusement disparu sans laisser de trace.

Et bien, s'étonna Krysos en passant sa lame dans sa ceinture, cela a été rapide. Je me serait attendu à plus de résistance.   

La lâcheté des deux hommes, qui n'avaient pas hésité à s'en prendre à deux jeunes femmes mais qui fuyaient devant un homme seul, l'amusait, mais il était aussi soulagé que les choses ne soient pas allées plus loin.

Tout le monde se calma et reprit plus ou moins ses esprits. Le gérant courut vers Krysos et lui secoua la main avec vigueur, le remerciant de son aide. Le jeune homme le regarda avec fierté :

J‘ai chassé ces importuns de votre établissement, ça mérite bien une récompense ?
— Certes ! Vous l'avez bien mérité ! Chasser ainsi ces affreux gardes de chez moi ! C'était héroïque !

Il se précipita derrière son comptoir et fouilla dans une boîte, d'où il sortit quelques pièces de monnaie.

Je ne peux pas vous donner beaucoup plus mais vous avez toute ma gratitude !

Beryl se précipita sur lui, et, comme un enfant, il se mit à tambouriner doucement sur le torse de son frère, l'air mécontent.

Je sais, Beryl, le calma Krysos en écartant ses poings serrés, tu n'aimes pas quand je me bats, mais je n'allais tout mais je n'allais tout de même pas les laisser s'en prendre à ces femmes sans défense…
— Que tu crois, jeune loup ! Qui est sans défense ici ?!

Les jumeaux se retournèrent et tombèrent nez à nez avec la jeune femme rousse, les poings sur les hanches, l'air hautain. Elle tapait du bout du pied sur le sol, comme si elle attendait une explication.

Je sais me battre, figure-toi, seulement… ils m'ont prise par surprise, c'est tout, continua la jeune femme. Ces deux-là je les connais, ce sont des couards.
— Il est vrai qu'ils n'ont pas fait preuve de bravoure, admit Krysos, mais cela aurait pu mal tourner. Et votre amie, qu'est-elle devenue ?
— Ne t'en fait pas pour elle, elle sait se débrouiller, répondit la rouquine, un sourire en coin.

Krysos détailla la jeune femme des yeux : hormis sa chevelure rousse qu'on voyait du premier coup d'œil, elle portait un chapeau à plumes, des bottes de marche qui avaient visiblement bien servi, et une cape noire doublée orange à l'intérieur, retenue à l'épaule par une fibule représentant un instrument à cordes. A sa hanche pendaient une flûte et un petit sac de voyage. Elle avait une voix autoritaire qui contrastait avec son apparence frêle. Ses sourcils étaient froncés, mais on ne lisait pas de colère dans ses yeux ambrés, seulement un léger amusement. Krysos en fut un peu vexé…

Elle reprit la parole en montrant la porte du doigt :

Et si nous partions d'ici avant que les autres ne décident de revenir en force ?
— Bonne idée, approuva Krysos, et prenant son frère par la main, ils sortirent en vitesse.

Juste à temps : une autre escouade de gardes entrait dans la taverne au moment où ils se glissaient tous trois dans une ruelle sombre.

 

http://gemminy0.wixsite.com/gemminy/lexique

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