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12 janvier 2017

Chapitre Sixième ~ L'Ire de l'Océan (Cinquième Partie)

chapitre6-3(Cinquième Partie)

« Toutes les eaux sont couleur de noyade... »

 

Krysos sentit la fièvre familière envahir son cerveau puis chacun de ses membres. Le combat l'appelait. Il lança furtivement un regard à la Lune avant de se porter en avant et se posta au sommet des marches, la lame embrasée crépitant à son côté. Les premiers soldats se présentèrent devant lui, et, d'une puissante attaque horizontale, il les faucha purement et simplement. L'odeur de chair brûlée commença à se répandre sur la place, galvanisant les Insulaires qui avaient attendu jusqu'à présent dans l'ombre du Temple, leurs armes de fortune prêtes à frapper.

Ils se précipitèrent alors derrière Krysos, courant, poussant, hurlant, afin d'empêcher les soldats de se frayer un passage sur le parvis et de prendre d'assaut le Temple. Krysos et Obsidien se retrouvèrent entourés d'une nuée de combattants furieux, qui portaient des coups ici et là, comme des forcenés sans expérience mais animés d'une flamme de fureur absolue.

Bloqué sur l'escalier, pas assez large pour lui permettre de placer plus de trois hommes de front, Wavell distribuait lui aussi des coups d'épée en avant, un peu au hasard tant la marge de manœuvre était courte, et tua ainsi ses premières victimes. Il sembla s'en attrister énormément, ce qui ne manqua pas de surprendre Krysos.

Les soldats impériaux tentèrent de déborder la foule furieuse en escaladant l'esplanade sur les côtés. Obsidien se déporta sur la gauche avec une petite troupe d'Insulaires pour les stopper, tandis que le chef de village se dirigeait vers la droite pour faire de même. Le parvis se retrouva donc assiégé de tous côtés, tandis que Krysos continuait à tenir le haut de l'escalier.

Un sifflement aigu se fit entendre au-dessus de leur tête : des traits mortels avaient fondu depuis le ciel et transperçaient les rangs ennemis. Krysos vit ici une flèche empennée de plumes bleues dans la gorge d'un soldat, et là une autre dans une jambe ou dans un visage. Il se retourna brièvement pour discerner d'où venait cette attaque bienvenue et découvrit des rangs d'archers perchés sur le toit du Temple, qui préparaient déjà une autre salve. Il eut un sourire : visiblement les Insulaires n'étaient pas aussi vulnérables que les TigrEyians ou les Lapiens.

Les ennemis gagnaient petit à petit du terrain. Krysos avait beau faucher des jambes et des bras, il semblait que de nouveaux soldats remplaçaient immédiatement ceux qui tombaient. Il avait déjà à ses pieds un petit monceau de cadavres, mais même sa folie meurtrière ne semblait pas suffire à contenir ces renforts incessants.

Il entendit vaguement, derrière lui, en provenance du toit, des invectives et des vociférations. Il remarqua alors que les archers avaient cessé de tirer, ce qui ne lui plaisait guère. Il essaya de se retourner, mais un soldat lui fonça dessus, tentant tout bonnement de le décapiter. Mais ce fut lui qui perdit sa tête pour sa témérité.

Obsidien sauta aux côtés de Krysos, le cimeterre dégainé et du sang sur sa tunique. Il avait visiblement aussi tué son quota d'ennemis. Krysos cria par-dessus la foule pour se faire entendre du prêtre :

Est-ce que tu peux les arrêter pendant un moment !? Il faut que j'aille voir ce qui se passe là-haut !
— Vas-y, je vais les contenir !
— Tu peux tenir combien de temps ?!
— Je ne suis pas trop fatigué, je dirais une dizaine de minutes, peut-être plus s'ils ne poussent pas trop !

Krysos s'éclipsa alors du parvis et se dirigea vers le Temple. Obsidien prit sa place et, concentrant la force du vent dans sa main ouverte, il généra un large bouclier aérien sur toute la surface de l'esplanade. Les soldats impériaux donnèrent en vain des coups d'épée contre cette muraille presque invisible : ils ne pouvaient plus avancer.

Les Insulaires profitèrent de cette accalmie pour reprendre leur souffle et leurs forces. Ils se massèrent dans l'ombre du Temple tandis que Krysos grimpait à une échelle qui avait été placée contre le flanc ouest du bâtiment. Il entendait les bruits d'une dispute sur le toit. Un homme et une femme semblaient se quereller.

Une fois sur le toit, il fit rapidement des yeux un état des lieux. Il y avait bien une vingtaine de personnes rassemblées ici, pour la plupart armées d'arcs et de frondes, mais on pouvait aussi y voir des enfants. Quatre grandes cuves d'acier étaient disposées sur le périmètre du temple, chacune à un point cardinal ; elles étaient remplies d'eau, et sûrement destinées à quelque rituel spécifique. Près de la cuve sud, deux personnes se tenaient, entourées d'un cercle de curieux plus large. Un homme portant des vêtements rapiécés, à la courte barbe noire et aux cheveux hirsutes était en grande discussion avec une femme aux cheveux bleus, habillée d'une tunique de prêtresse et portant un grand arc. L'un et l'autre montraient chacun à son tour le grand chaudron à côté d'eux.

Krysos s'approcha :

Pourquoi les tirs ont-ils cessé ? demanda-t-il, se frayant un passage dans la foule pour atteindre les deux protagonistes. Que se passe-t-il ? Ce n'est pas le moment de vous disputer !

La femme aux cheveux bleus le regarda et lui répondit, en colère :

Cet homme veut que nous utilisions l'eau des vasques sacrées afin de repousser l'ennemi ! Mais nous nous y refusons ! Cette eau nous est précieuse !
— Vous n'avez pas d'autre choix que de me faire confiance, rétorqua l'homme désigné. Si vous ne faites pas ce que je vous dis, nous sommes perdus ! Et votre eau si inestimable ne vous servira plus à rien !
— Attendez une minute, s'interposa Krysos. En quoi cette eau peut-elle nous être utile ?
— En rien ! s'écria la femme. Elle nous est nécessaire pour nos rites quotidiens, mais elle n'a aucun pouvoir offensif !
— Je peux lui en donner un. Et ce garçon va m'y aider, rétorqua l'homme en désignant Krysos.
— Moi ? s'étonna le jeune homme. Comment ?

L'homme se tourna franchement vers lui. Il avait les traits tirés et fatigués d'un homme d'âge mûr qui a toujours vécu au grand air, mais aussi avec des soucis…

Si elle me donne la permission d'utiliser cette eau, je peux en finir avec une bonne partie des ennemis. C'est à vous de voir où sont vos priorités...

Krysos s'approcha de la fière archère.

Ecoutez, protéger le temple est plus important. Je crois que nous devrions lui faire confiance, il a l'air de savoir ce qu'il fait.
— Nous ne pouvons pas nous en remettre à un paria ! cria une femme quelque part dans la foule.
— C'est un banni ! Il n'a rien à faire ici ! donna en écho une voix d'homme.

L'individu, qui semblait l'objet de l'opprobre quasi générale, sembla alors se recroqueviller sur lui-même.

J'ignore les griefs que vous avez contre lui, mais c'est une urgence ! Mon ami ne pourra pas tenir éternellement avec son bouclier de vent ! Il faut agir !

La femme en tenue de prêtresse s'éloigna de la vasque à contrecoeur. Krysos et l'homme inconnu s'en approchèrent alors.

Comment procède-t-on ? demanda le jeune guerrier.
— Il faut faire basculer l'eau de la vasque par-dessus le parapet du temple. Il faut utiliser des leviers pour ça. Quand ils seront en place, ton ami devra s'écarter afin de laisser le champ libre ; il faut aussi dire à tous ceux présents sur le parvis de s'éloigner. Ensuite, je te dirai ce qu'il faudra que tu fasses.

Krysos se pencha par-dessus le parapet et cria vers Obsidien :

Sois prêt à t'écarter quand je te le dirai !

Le prêtre opina du chef avant de se concentrer de nouveau sur sa tâche.

Des gens de bonne volonté apportèrent deux madriers de bois et les calèrent sous la lourde vasque. Les autres s'écartèrent et descendirent du toit afin de prévenir leurs compagnons en bas de s'écarter du Temple. Une fois que tout fut mis en place, l'homme inconnu plongea sa main dans l'eau, brièvement ; rien de particulier ne se passa, mais il donna malgré tout l'ordre de commencer à peser sur les leviers de fortune ; la vasque bougea un peu, mais il fallait plus de force. Quand la bonne pression fut imprimée, la vasque se souleva franchement. C'est ce moment que Krysos choisit pour crier de nouveau à Obsidien :

Ecarte-toi ! Maintenant !

Le bouclier de vent se dissipa lentement. Les soldats impériaux, qui étaient restés bloqués derrière, ne le virent pas tout de suite. Le général Wavell se précipita en avant tandis qu'Obsidien s'éclipsait sur le côté, leur livrant passage.

Krysos, j'espère que tu sais ce que tu fais…, se murmura-t-il, inquiet.

Sur le toit, l'homme inconnu ordonna de peser sur les leviers de toute la force possible. La vaque bascula à la verticale ; les litres d'eau commencèrent à se déverser par-dessus la balustrade. Avant qu'elle ne touche le sol, l'inconnu cria à Krysos :

Plonge ton épée dans l'eau, mon garçon ! Tout de suite !

Krysos n'eut pas le temps de réfléchir. Il fit ce que l'homme lui disait, et baigna dans l'eau sa lame, qui s'éteignit momentanément ; mais le liquide, lui, s'enflamma immédiatement au contact de l'épée. Ce n'étaient plus des trombes d'eau qui tombaient sur le parvis du temple, mais des nuées brûlantes ; les soldats ennemis, qui couraient vers l'entrée du Temple, trop heureux de leur victoire, stoppèrent net devant ce mur de flammes mouvantes, médusés de le voir se précipiter sur eux, comme un être vivant voulant les dévorer.

Car ce n'était pas un feu ordinaire : il rampait sur le sol, sur les murs, sur les corps, et rongeait même les chairs recouvertes de métal ; il s'insinuait dans les interstices, dans les cottes de mailles, dans les jointures, et sa morsure était mortelle, comme le feu sacré de TigrEye dont la lame de Krysos était imprégnée. En une minute, des cadavres calcinés recouvrirent le parvis du temple, tandis qu'une épaisse fumée retombait sur la scène. Les Insulaires sur le toit crièrent victoire en contemplant le spectacle. Mais Krysos paraissait inquiet : parmi les cadavres, il ne vit pas celui du général.

Est-il possible qu'il ait réussi à entrer ? Il faut que j'y aille !

Il descendit du toit à toute vitesse. Enjambant les dernières flaques de feu bouillonnant qui commençaient à s'éteindre, il se dirigea vers la porte du temple. Des corps brûlés s'entassaient devant et Krysos dut les repousser de côté pour pouvoir passer. Obsidien surgit alors de l'intérieur du bâtiment sacré et se jeta presque sur Krysos.

Il est entré ! Je ne sais pas comment il a fait pour éviter le feu, il y avait trop de fumée, mais il a réussi !
— Je m'en occupe. Reste dehors pour t'occuper des blessés.

Dégainant encore une fois sa lame, qui avait retrouvé toute sa flamboyance, Krysos s'enfonça dans les profondeurs du Temple.

 

http://gemminy0.wixsite.com/gemminy/lexique

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