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16 janvier 2017

Chapitre Sixième ~ L'Ire de l'Océan (Septième Partie)

chapitre6-3(Septième Partie)

« Toutes les eaux sont couleur de noyade... »

Quand il revint dans la salle de la statue, Krysos entendit, venant du dehors, des bruits d'explosion. Le combat semblait avoir repris ; après tout, le feu surnaturel n'avait pas tué tous les ennemis, et il était peu probable que tous soient restés sagement assis à l'attendre.

Emergeant du bâtiment à la lueur du jour diffuse, il eut tout juste le temps d'entendre quelqu'un, sans aucun doute Obsidien, lui crier « Attention, Krysos ! » de loin, avant de se jeter instinctivement à terre, en boulant sur lui-même : une sphère de métal avait filé vers son visage une seconde auparavant et avait mystérieusement explosé derrière lui, à l'entrée du Temple, faisant chuter les portes massives. Une odeur sulfurique s'éleva de la fumée.

Krysos se releva tant bien que mal, un peu sonné, et observa ce qui se passait : les archers étaient descendus du toit et tiraient presque à bout portant sur ce qui restait des soldats ennemis ; quelques envahisseurs impériaux, à l'écart, lançaient sur l'esplanade les fameuses petites sphères qu'il avait déjà remarquées dans les cales du bateau ; leur mystérieux pouvoir de destruction semait la mort dans les rangs des Insulaires ; sur le parvis lui-même, un véritable géant, mesurant plus de deux mètres, envoyait des claques monumentales à tous les fantassins impériaux qu'il pouvait atteindre de ses énormes mains ; Krysos n'avait jamais vu quelqu'un de plus impressionnant, tant par sa force brute que par sa taille.

Malgré cette héroïque résistance, les Insulaires perdaient du terrain. Ayant constaté que leur général s'en était retourné vers le navire, les soldats commençaient aussi à battre en retraite, jetant encore sur leurs arrières les derniers globes métalliques qui leur restaient. Krysos sentit qu'il était temps de mettre la population au courant du danger… et aussi de leur annoncer qu'il avait échoué - lamentablement - à empêcher le vol de l'Emïamneve.

Les survivants d'AguaMarina se massèrent autour du jeune guerrier ; ils avaient la tête basse et la mine de personnes qui connaissaient déjà la mauvaise nouvelle qu'on s'apprêtait à leur apprendre. Krysos leur raconta ce qu'il s'était passé dans le Temple. Le chef du village s'approcha et lui posa une main compatissante sur l'épaule :

Vous avez combattu à nos côtés, alors que rien ne vous y obligeait, et rien que pour cela, nous vous en remercions ; si vous n'aviez pas été là, l'issue aurait été la même, voire bien pire. Nous ne pouvons pas vous blâmer.
— Les nuages s'amoncèlent davantage, remarqua l'archère aux cheveux bleus à laquelle Krysos avait déjà eu affaire. Je pressens une grande catastrophe. Nous devons quitter l'île au plus vite.
— Je crois que vous avez raison, sœur Agata, approuva le chef. Tous aux barques ! N'emportez rien !

Il chercha des yeux une certaine personne dans la foule ; le géant, que Krysos avait aperçu tantôt, mais avec une bonne dose de muscles et de centimètres en moins, s'approcha du chef, en faisant avancer devant lui l'homme inconnu, le soi-disant banni, qui avait presque donné la victoire aux Insulaires. Le chef le regarda d'un air sévère, mais se contenta de dire :

Nous parlerons de ce qui s'est passé plus tard. Nous devons nous diriger vers Akroïth, c'est notre seule chance.

Les survivants avaient déjà commencé à se diriger vers leurs barques, amarrées dans une petite baie abritée. Le vent commençait à souffler dangereusement, et les vagues s'agitaient. La plage disparaissait déjà presque sous leur assaut. On fit grimper les enfants et leurs mères en premier, puis les hommes prirent place à leur tour du mieux qu'ils purent, répartissant astucieusement les poids, et se saisirent prestement de leurs rames pour s'éloigner de l'île en perdition. Loin au nord, des oiseaux aux ailes immenses quittaient l'île en toute hâte. Les larges feuilles des palmiers géants ployaient sous l'assaut du vent et des hurlements de bêtes tourmentées montaient de la jungle, annonciateurs de la catastrophe finale.

Krysos et Obsidien prirent place dans la barque du chef de village dans laquelle se trouvaient aussi la dénommée Agata, le géant silencieux et le banni. Des manœuvres habiles furent nécessaires afin de naviguer prudemment entre les récifs affleurant à la surface, mais les Insulaires semblaient visiblement être devenus maîtres en la matière.

Par curiosité, Krysos se pencha sur l'eau et plissa les yeux afin de percer les profondeurs marines. Là, juste sous eux, pas très loin de la surface, son regard discerna des pinacles, des toits, des colonnes et des statues… Une véritable cité engloutie par la mer. Il écarquilla les yeux, persuadé d'avoir la berlue, mais la femme nommée Agata le remarqua et anticipa sa question :

Ce sont les ruines d'une cité sous-marine autrefois nommée Linar. Elles sont très vieilles. Auparavant, les anciens possédaient visiblement suffisamment de science pour vivre sous l'eau, mais nous avons perdu cette connaissance…
— Alors, les récifs ne sont pas des rochers…, murmura Krysos.
— Non, nous n'avons pas le pouvoir de faire sortir des rochers de l'eau. Les chamans d'AguaMarina ont simplement prié pendant de longs mois pour faire baisser le niveau de la mer afin que les plus hautes tours de la cité puissent émerger ; le matériau dont est constituée cette ville est inconnu, mais il est très dur et aucune coque de navire ne peut y résister.
— Sauf celui-ci…

Il montra d'un signe de tête l'imposant navire impérial, dont la coque constellée de pierres luisantes, toute bosselée, fendait les eaux sans rencontrer grande résistance ; malgré tout, ses voiles étaient endommagées et il tanguait dangereusement d'un côté et de l'autre, malmené par les vents et la houle.

Si seulement il pouvait sombrer… soupira Agata. Au moins, l'Emïamneve disparaîtrait et personne ne pourrait en faire un mauvais usage…
— J'aimerai autant qu'elle ne disparaisse pas, lui répondit Krysos. Il y a encore un espoir de toutes les récupérer.
— A quoi bon ? Les villages élémentaires sont détruits…
— Il faut empêcher Diaman de mener ses projets à bien, intervint Obsidien.
— Je veux retrouver l'Emïamneve. C'était la voix du géant. Mon devoir est de la retrouver. Et de châtier le voleur.

Krysos sentit dans la voix à la fois grave et posée du colosse une haine contenue, mais palpable. Le banni, qui se trouvait assis juste devant lui, leva craintivement les yeux vers la silhouette massive avant de ramener son regard sur le fond de la barque.

Sappir, ne te laisse pas aller ainsi, le sermonna Agata. Tu dois respecter tes voeux et ne pas laisser la haine te submerger.

Mais Sappir, le grand prêtre au crâne lisse, n'ouvrit même pas la bouche pour tenter de lui répondre et garda un visage à l'expression totalement neutre. Obsidien, lui, parut assez choqué de la réaction de son confrère.

Le ciel était presque noir à présent, et des éclairs lointains zébraient le ciel. Le tonnerre roula sur la mer et fit trembler chaque passager. Même sur le puissant navire de l'Empire, on tressaillit de peur.

Ils s'étaient à peine suffisamment éloignés de l'île qu'un grondement terrifiant se fit entendre derrière eux : les eaux semblèrent se ramasser sur elles-mêmes, se rassembler tout autour de l'île, comme un animal prêt à bondir. Quand elles eurent accumulé assez de force, elles s'élevèrent comme de grandes murailles liquides, recouvrant les maisons, la jungle, le Temple de leur ombre menaçante, avant de s'y précipiter. Tout fut balayé, un craquement retentissant assourdit momentanément tout le monde, tandis que la petite île sombrait dans les flots, entraînant avec elle sa flore impuissante et sa faune prise au piège, et rejoignait avec une horrible lenteur sa sœur aînée au fond de la mer.

http://gemminy0.wixsite.com/gemminy/lexique

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