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Bienvenue à Zyrconia
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6 février 2017

Chapitre Neuvième ~ Le Soleil de Zyrconia (Seconde Partie)

chapitre9-2
(Seconde Partie)

« Le même soleil fait fondre la cire et sécher l'argile... »

 

Krysos déambulait depuis environ trois quarts d'heure dans la grande rue, les mains dans les poches, le regard baissé, pas vraiment à la recherche de quoi que ce soit, mais songeant à diverses choses qui tournaient dans sa tête : le prophète, la prophétie, l'empereur, les gemmes… et l'étrange comportement de son frère ces derniers temps. Il avait l'intuition vague que quelque chose dans sa vie était en train de changer radicalement, et même s'il tentait de se persuader du contraire, il n'aimait pas beaucoup cela…

Il passa devant un monument à l'aspect familier, qui se trouvait tout au bord du rempart est de SolaPiair. Sa forme arrondie surmontée d'un dôme doré qui brillait de mille feux soulignait sa fonction cultuelle, alors que la plupart des autres bâtiments étaient de forme carrée ou rectangulaire. Une petite procession de gens habillés de longues robes et portant des objets se déplaçait sur le petit parvis sous le regard attentif de quelques habitants venus assister à la scène. Krysos s'approcha et constata que cette procession était composée de prêtres et qu'ils distribuaient des bénédictions aux spectateurs. Sur leurs poitrines s'épanouissait un soleil stylisé. Krysos en conclut que cela devait être le fameux culte solaire dont lui avait parlé Amber, seul et unique culte encore en vigueur dans l'Empire - à l'exclusion de ceux des villages élémentaires, bien évidemment. Il constata cependant que le peu de fidèles en disait long sur le niveau de religiosité des habitants de SolaPiair... Pendant un moment, il songea au Temple du Feu du Sud et aux cérémonies auxquelles il assistait sans grand entrain... Il se souvint aussi de Ferypenda... et se détourna afin de ne pas prolonger sa peine. Le culte solaire était bel et bien en passe de devenir la seule et unique pratique religieuse vivante de Zyrconia...

Il y avait toujours quelque chose à voir à SolaPiair, le spectacle de la foule se révélait déjà assez exaltant en lui-même, aussi Krysos se mit à regarder tout ce qu'il pouvait : il reconnaissait des styles vestimentaires, des couleurs, des coiffures qu'il avait déjà vus dans d'autres lieux, des marchandises également, exotiques ou locales. Il se laissa tenter par une crêpe de topa, un légume qui poussait dans les champs de SolaPiair, très difficile à attraper parce qu'il avait des pattes et s'enfuyait en criant dès qu'on l'arrachait. Amber lui avait dit que les végétaux capables de se déplacer s'appelaient des 1nali... et force lui fut de constater que c'était très bon.

Une heure devait déjà s'être écoulée depuis qu'il avait entamé sa visite de la cité, et il avait déjà presque oublié la raison de sa présence ici ; cet endroit avait le don de vous tourner la tête avec des tas de choses... Il scrutait de temps en temps les environs afin de repérer un ou deux de ses compagnons, mais la foule se révélait si dense qu'il demeurait difficile de fixer quelque chose en particulier. Il déboucha néanmoins sur une vaste place, sur la face sud de la cité, où il put faire quelques pas sans se cogner à quelqu'un. Un grand escalier menait à une esplanade en haut de laquelle trônait un grand complexe composé d'un bâtiment central et de deux ailes sur les côtés. Devant la monumentale entrée, des statues d'animaux, un lion et un cerf, aussi vrais que nature - du moins s'il devait en croire ses anciens livres d'images -, accueillaient les visiteurs. Des troupes entières d'enfants, menées par des adultes affairés, entraient et sortaient de l'édifice en rangs ordonnés ; ils tenaient dans leurs mains ce qui ressemblaient à de petits carnets métalliques munis de calames de même matière et y écrivaient à toute vitesse.

Alors qu'il s'apprêtait à passer son chemin, un son assourdissant retentit sur toute la place, en provenance du complexe touristique : la statue de lion, aussi incroyable que cela puisse paraître aux yeux du jeune homme, s'était mise à bouger, secouant sa crinière, et poussait un rugissement tonitruant de sa large gueule ; face à lui, le cerf bramait et agitait ses bois en défi. Les enfants sautaient de joie, et Krysos, lui, se retrouva assis par terre, tout choqué par ce qu'il avait vu ; il se frotta même les yeux afin d'être sûr de ne pas avoir eu la berlue.

Intrigué, il attrapa un vieil homme au passage et lui demanda :
 Excusez-moi, mais... ce sont de vrais animaux prisonniers ou bien... ?
— Vous êtes de la campagne, n'est-ce pas, mon garçon ? lui demanda l'homme en le regardant des pieds à la tête. Vous vous trouvez devant le Musée Zoologique de SolaPiair, le seul au monde ! C'est une fierté dans notre ville et un objet de curiosité. Tous ceux qui passent par ici se doivent de le visiter ! A l'intérieur sont conservées les créatures les plus extraordinaires de Zyrconia, même celles qui ont disparu...
— Oui, mais... les statues ?
— Vous parlez des automates ? C'est très beau, n'est-ce pas ? L'homme semblait plus qu'heureux de vanter les mérites technologiques de sa ville. Un petit cadeau de l'Empire qui marque chaque heure de la journée depuis maintenant quatre ans. Cela peut surprendre au début mais on finit par s'y habituer, ha ha !

Et l'homme passa son chemin, tout content d'avoir fait son devoir de citoyen. Krysos se promit de visiter un jour ce musée, dans de meilleures circonstances.

En tournant légèrement la tête sur le côté, il aperçut un reflet de lumière jouant sur une chevelure rousse. Il pensa tout de suite à Amber - il devait forcément avoir croisé au moins un de ses compagnons - mais remarqua bien vite que la couleur et la longueur étaient différentes : plus foncée, plus longs, plus lisses... Cette chevelure lui était familière cependant et il la suivit dans la foule, un peu comme si elle le tirait en avant. Puis, il se mit à marcher plus vite en poussant les gens sur son passage ; ces cheveux, il les avait reconnus : c'étaient ceux de Ferypenda ! Krysos voulut crier le nom de sa tutrice mais sa voix se perdit dans le brouhaha ambiant. Bientôt il perdit même de vue l'objet de sa quête. La tête basse, pas absolument certain d'avoir vu ce que qu'il espérait, il reprit son chemin, les pensées en pagaille.

Marchant au hasard, il échoua aux abords d'un étal proposant des marchandises très particulières : des gemmes, de toutes tailles et de toutes couleurs, brutes ou taillées, étincelaient sur un drap de soie moiré. Le vendeur vantait les qualités de ses produits avec un sourire qui mit Krysos très mal à l'aise. On lui avait toujours appris que les gemmes étaient sacrées ; elles naissaient là où les gens étaient enterrés et ne devaient pas être déplacées, à moins d'être offertes en cadeau aux proches du défunt. Bien sûr, il n'était pas exclu que ces pierres proviennent de mines et soient le fruit d'une extraction régulière, mais la simple idée que ces gemmes-ci puissent provenir de tombes le dégoûtait. La triste réalité de ce qu'était réellement l'Empire le rattrapa alors.

Il voulut se détourner de l'étal, mais ce faisant, il rentra en collision avec une véritable montagne humaine. L'homme, auquel Krysos n'avait pas dû faire grand mal, baissa les yeux sur lui, furibond, et commença à faire craquer ses phalanges ; son expression était on ne peut plus patibulaire, et il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait du genre d'individu toujours prêt à chercher la bagarre ; une vilaine cicatrice lui barrait le visage, du front au menton. Krysos voulut s'excuser, mais l'individu ne le laissa même pas ouvrir la bouche :

Tu es fatigué de vivre ou quoi ?!

L'homme serra les poings et amorça un geste vers Krysos.

Je suis désolé, d'accord, je ne vous ai pas vu.
— Et c'est censé me concerner ?!

Il attrapa Krysos par le haut de sa légère cuirasse et le souleva du sol sans aucune difficulté. Le jeune homme essayait désespérément d'atteindre son épée. La foule avait formé un cercle autour d'eux.

Je vais te démolir, avorton !! On ne bouscule pas le grand Chloan en espérant s'en tirer !!

C'est alors qu'un flash de lumière aveuglant illumina la scène. L'homme poussa un grognement et se frotta les yeux, lâchant sa proie dans le mouvement. Krysos lui-même n'y voyait plus rien. Il sentit une petite main ferme le saisir par le poignet et le tirer en arrière. Il ne put que se laisser faire, les yeux larmoyants et les jambes trébuchantes.

Lorsque sa course prit fin, il se trouvait dans une petite ruelle, à quelques encablures de l'étal du joailler. Reprenant progressivement ses sens, Krysos remarqua que c'était un jeune garçon d'environ douze ans qui l'avait tiré de là. Il avait une magnifique chevelure dorée, de stupéfiants yeux de la même nuance, et était habillé comme un gentilhomme. Il lui offrait un large sourire. Krysos lui répondit de même.

Merci pour l'aide. Mais que s'est-il passé au juste ?
— Ce méchant bonhomme allait vous aplatir. Je me suis dit que je devais vous sauver.

Le garçon s'exprimait de fort belle manière.

C'est gentil, mais comment as-tu fait ?
— C'était moi, la lumière. C'est mon Don ; enfin j'essaie de le maîtriser. Je ne voulais aveugler que votre assaillant mais je crois que tout le monde a été touché.
— Fais voir comment tu fais ça.

Le garçon ferma les yeux, se concentra et, semblant émaner de son visage, un court flash de faible intensité illumina la ruelle.

Là, j'ai réussi à en produire un tout petit. Mais la plupart du temps, ça me dépasse.
— C'est formidable comme Don. J'espère que tu en feras bon usage, apprécia Krysos. Mais comment t'es-tu trouvé là au bon moment ?
— Je vous suis depuis quelques temps. Vous aviez l'air songeur, alors je n'ai pas osé vous aborder.
— Tu voulais me demander quelque chose ?
— Vous avez l'air d'un aventurier !

Le garçon sembla totalement excité par cette constatation. Krysos le regarda avec amusement.

Oui, effectivement, je suis un aventurier. Mais je ne suis pas le seul, cette rue doit en regorger, non ?
— Ce sont vos cheveux... Ils sont très reconnaissables dans la foule, alors cela m'a tout de suite attiré... Quel est votre nom, messire ?
— Je suis Krysos. Et toi, qui es-tu ?
— Je m'appelle Whiter. Je suis de la maison Halopalin.
— Tu es noble, à ce que je vois ?
— Oui, mes parents font partie de la cour proche de l'empereur Diaman.
— Et qu'est-ce que quelqu'un de ton âge et de ton rang fait seul ici ? demanda Krysos, étonné.

D'après ce qu'on lui avait dit, les nobles ne se mêlaient pas au peuple.

J'ai échappé à ma gouvernante pour quelques heures, répondit le petit garçon avec un air renfrogné. Le manoir m'ennuie. Ici, il se passe toujours quelque chose.
— Et tu n'as pas peur que tes parents te grondent pour cela ?
— Oh non, vous savez, je suis leur fils unique, je suis leur petit rayon de soleil, ils me pardonnent toujours tout, alors j'en profite.

Krysos se mit à rire devant la témérité du garçon. Whiter se vexa de la réaction du jeune homme.

Je ne suis pas un enfant gâté ! s'insurgea-t-il. C'est juste que… je m'ennuie c'est tout. Et puis je vous ai sauvé, non ?
— C'est vrai ! Encore merci ! Tu ferais mieux de rentrer chez toi.

Et Krysos, après lui avoir adressé un signe de la main, se dirigea vers la sortie de la ruelle. Mais Whiter le suivit en courant.

Attendez, sire Krysos !

Le jeune homme se retourna, soupirant à l'idée que le garçon allait peut-être le suivre encore un moment.

Qu'est-ce que tu veux ?
— Si vous êtes vraiment un aventurier, emmenez-moi avec vous !

Krysos sursauta en entendant la demande.

Tu es un peu trop jeune pour courir les routes. Et puis tes parents ne seraient pas d'accord, répondit-il, voulant jouer la diplomatie.
— Nous ne leur dirons rien ! Ils croiront que j'ai disparu, ils feront quelques recherches, ils ne me trouveront pas et ils m'oublieront, voilà tout !
— Ce n'est pas très gentil, ils seront très tristes.
— Peut-être. Mais j'en ai assez d'être le futur sire Halopalin. J'ai lu des tas d'histoires sur les héros du passé, et sur les aventures qu'ils ont vécues. Je veux vivre des aventures !

Krysos ne put s'empêcher de sourire en se remémorant un autre jeune garçon, tout aussi avide que Whiter d'accomplir des exploits grandioses, il y avait bien une dizaine d'années…

Il s'agenouilla devant le garçon qui le couvait avec des yeux de feu.

Beaucoup d'enfants de ton âge rêvent de faire ce genre de chose, mais la réalité ne ressemble pas aux histoires que te raconte ta gouvernante. Dehors, il y a de méchants monstres qui ne demanderaient pas mieux que de te croquer, tu sais.
— Mais avec mon Don, je peux m'enfuir ! Et même vous aider, vous avez bien vu !
— Hum, ce n'est pas suffisant. J'ai vu des choses à l'extérieur que tu souhaiterais ne jamais contempler de ta vie, crois-moi. Et puis c'est fatiguant de marcher toute la journée, avec des loups sauvages qui vous collent au train...
— Mais… puisque vous serez avec moi…
— Mes amis et moi, nous ne pouvons nous occuper de toi. En fait, nous avons des choses très importantes à faire et je ne voudrais pas que tu t'en mêles.

Krysos se releva et voulut de nouveau partir. Mais Whiter lui saisit la main. Ses yeux étaient humides.

Je ne serais pas un poids…, murmura-t-il. Je veux venir…
— Je préférerais que tu profites autant que possible de la vie confortable que tu mènes. Tu sais, tout le monde n'a pas ta chance : tu dois avoir le droit de manger toutes les bonnes choses que tu veux, et à de merveilleux jouets pour tes anniversaires...
— Ce n'est pas ce que je veux, moi !

Cependant, Krysos remarqua que ses arguments avaient quelque peu ébranlé la conviction du garçon, sans pour autant le faire fléchir.

Quand tu auras adopté mon style de vie, tu regretteras tout ça, je te l'assure...

Krysos comprit qu'il n'arriverait pas à faire entendre raison à Whiter. Il se décida donc à lui faire une promesse. Il s'abaissa de nouveau face à lui, saisit ses petites mains dans les siennes, et prit une voix faussement solennelle pour impressionner l'enfant :

Ecoute, Whiter, je te promets que lorsque j'aurai accompli mes affaires en cours et que tu seras devenu grand, nous partirons ensemble à l'aventure. Nous irons pourfendre des aya et parcourir des donjons jusqu'à ce que la fatigue nous prenne. Nous dormirons à la belle étoile et nous chasserons notre pitance. Nous n'aurons ni foyer ni but, autres que ceux que le destin mettra sur notre chemin. Tu veux ?

Whiter regarda Krysos à travers ses larmes et lui sourit timidement. Il ne savait pas s'il devait croire ou non le jeune homme. Krysos guettait avec impatience la réaction du gamin ; pourvu qu'il se soit montré crédible...

Vous promettez ?
— Je te le promets. Mais dans un premier temps, je veux que tu me promettes, toi, de rentrer chez toi et de te comporter comme un bon fils.
— Je… d'accord…

Whiter s'essuya les yeux, rassuré et confiant.

Où habites-tu ?
— Dans le haut quartier. Il faut juste monter l'escalier, là, derrière…

Krysos eut alors une idée.

Je peux t'accompagner ?
— Oh oui ! Les gardes me connaissent. Ils vous laisseront passer.
— Très bien, alors en route !

Whiter reprit la main de Krysos et le tira en avant.

 

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